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Channel: Commentaires sur : Sébastien Castellion le vertueux
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Par : Muskette

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J’aime beaucoup ce papier, cher Luccio. Et je me dis, du coup, que Castellion a dû fortement influencer Pierre Bayle : celui-ci mobilise des arguments, dans son Commentaire sur ces paroles de Jésus-Christ : Contrains-les d’entrer…, qui font écho à ton histoire de chrétiens de l’autre vallée (même si l’argument n’est certes pas nouveau).

Sinon je divague un peu, et je me demande deux choses :

– si l’on garde en tête l’idée protestante de la grâce et de la prédestination, d’après lesquelles seuls certains sont élus aux yeux de Dieu, alors (et cette question est dûe à ma totale ignorance sur ce point) comment peut-on encore justifier le prosélytisme ou même la persécution? Tu écris qu’au lieu de brûler les hérétiques il faut les convaincre, mais on pourrait aussi dire que s’ils sont hérétiques, tout cela ne sert à rien pour eux puisque ce ne sont manifestement pas des élus. Tu ajoutes « que la défense d’une version (calviniste ?) de la prédestination selon laquelle l’individu n’a aucune efficace, n’est capable d’aucune action véritable, permet de justifier commodément de la possibilité de punir l’hérésie par l’autodafé et la violence plutôt que par le débat ». Je ne comprends pas très bien ce point, j’aurai soupçonné Calvin d’avoir mobilisé un tout autre argument théologique pour justifier les persécutions car celui-ci me semble contradictoire avec de tels actes. Mais je crois que là j’en… les mouches.

– dans quelle mesure peut-on dissocier vertu et bonheur, dans les querelles théologiques? Tu suggères que Calvin a été un salaud de cramer les gens au nom de la vertu, mais n’était-ce pas au moins autant au nom de leur bonheur? Les grands pyromanes fanatiques ont presque toujours avancé l’argument selon lequel il s’agissait de « sauver » les hérétiques, de les purifier et ainsi de leur éviter les tourments dans l’au-delà. Il me semble que l’intolérance repose tout autant sur l’ingérence dans le bonheur d’autrui que dans sa vertu, et qu’en gros plus se préoccuper du bonheur d’autrui ne préserverait pas de la violence (cf. Tocqueville). La vertu était certes austère à cette époque, mais ne l’était peut-être pas plus dans le cadre théologique ; et comme tu le souligne bien un hérétique n’est pas un dévergondé mais un outrecuidant – sauf dans le cas des femmes, car une hérétique est une sorcière, une chaudasse, une succube, etc. Je m’égare. En tout cas je pense qu’en matière religieuse, vertu et bonheur sont confondues, et c’est bien là le pb ; et deuxièmement que si Castellion penche plutôt, dans l’analyse transhistorique que tu proposes, pour le bonheur d’autrui que pour sa vertu, alors c’était un hippie, et pas un vertueux.

Houlà, j’ai écris tout ça… ça confirme ma première ligne, j’aime beaucoup.


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